Construire un territoire de l’éducation populaire

Publié le

L’éducation populaire repose sur une démarche ascendante, une gestion citoyenne permettant aux habitants d’un territoire, via des collectifs et associations, de prendre en main la gestion de leur environnement. La collectivité locale joue un rôle essentiel en soutenant ces initiatives, et Grenoble incarne cet esprit depuis la Résistance, à travers des associations comme Peuple et Culture, les MJC, le planning familial, les Groupes d’Action Municipale (GAM), et des Unions de Quartiers. Ces groupes favorisent l’implication citoyenne, l’émancipation de chacun et l’affirmation des Droits culturels.

Dix ans de déconstruction du tissu associatif Grenoblois

Mais depuis plusieurs années, la ville de Grenoble malgré l’originalité d’une délégation à l’éducation populaire et à la vie associative a engagé un processus de déconstruction de tout cet héritage. On assiste à une rupture : déconventionnement de certaines associations, municipalisation d’autres, déconsidération des projets associatifs en contradiction avec l’esprit grenoblois.

Ces exemples illustrent une tendance de la municipalité de Grenoble à réévaluer, voire à reprendre en main, la gestion de certaines structures associatives historiques. Ces actions ont suscité des débats sur l’avenir de l’éducation populaire et de la vie associative dans notre ville, certains y voyant une déconstruction de l’héritage associatif grenoblois.

Car les actions de la municipalité montrent que cette rupture avec l’héritage associatif de Grenoble s’accélère depuis 2020. Dès cette année-là, un manifeste des associations socio-culturelles dénonçait des tensions croissantes dans la relation avec la Ville.

Depuis, plusieurs structures historiques ont vu leurs conventions non renouvelées, comme Le Plateau à Mistral en 2022 et la MJC Prémol en 2024, entraînant des fermetures ou des interruptions d’activités malgré les protestations locales. La MJC Mutualité et La Cordée à Villeneuve ont également subi des pressions et des reprises en main, traduisant une tendance municipale de réévaluation, voire de municipalisation, des espaces associatifs.

Face à cette tendance, Le Camp de Base Citoyen doit prendre les choses en main en élaborant un projet qui tend la main aux associations et favorise une collaboration active avec la prochaine équipe municipale. Il s’agira de bâtir une politique qui soutient l’éducation populaire et redonne aux acteurs associatifs leur autonomie, tout en promouvant des valeurs d’émancipation. Ce projet devra permettre de construire une citoyenneté responsable, en s’appuyant sur l’expertise des habitants, leurs compétences, leurs expériences et leurs aspirations.

Soutenir le tissu associatif : notre responsabilité et notre engagement.

Construire un territoire d’éducation populaire est un chantier au long cours, s’inscrivant autant dans un volontarisme municipal que dans une confiance à reconquérir dans les acteurs la vie associative. Elle nécessite une réflexion sur les politiques publiques à adopter pour préserver et encourager la participation citoyenne. La tâche n’est pas simple, il faudra dégager des forces bénévoles et militantes, possible dans un cadre sécurisant pour les associations. Simplifier les procédures de demande de financement, installer des financements pluriannuels, réintroduire le financement de fonctionnement, faciliter les coordinations inter associatives, aller vers le dé municipalisation des maisons des habitants, de la maison des associations font partie des multiples chantiers à engager.

Les associations jouent un rôle central dans le maintien du lien social. Elles ne se contentent pas de proposer des services et des activités à la population, elles créent des lieux de participation citoyennes.

Alors, pour faire autrement, nous devons mieux comprendre, changer de posture, dynamiser l’existant, privilégier les démarches horizontales, accepter les contre-pouvoirs que représentent toute vie associative, favoriser une démarche ascendante pour soutenir les initiatives de terrain. Le Camp de Base Citoyen poursuit cet objectif avec détermination

Pour compléter notre propos, nous relayons ici les mots d’un élu de l’opposition municipale, que nous partageons.  (Intervention de Pascal Clouaire à propos du dé-conventionnement de la MJC Premol, au conseil municipal du 30 septembre 2024)

Comment revitaliser l’éducation populaire à Grenoble

« …D’abord, il est possible d’imaginer des modèles de gestion partagée, où la ville apporterait un soutien financier et logistique, tout en laissant aux habitants et à l’association une large autonomie dans la conception des projets.
Ensuite, il convient de s’interroger sur les moyens à mettre en œuvre. Il ne s’agit pas seulement de subventions, mais d’une réflexion sur l’accompagnement des associations dans la gestion quotidienne de leurs activités. Il ne s’agit pas de « municipaliser » les projets, mais de fournir les outils nécessaires pour que les associations puissent continuer à jouer leur rôle.
Enfin, la participation des habitants est un élément clé dans la revitalisation du projet. Ce doit être un lieu où les citoyens prennent en main leur avenir et décident ensemble des projets qui feront vivre leur quartier. Comment pouvons-nous aider l’éducation populaire à porter à nouveau un projet d’émancipation culturelle pour les générations futures ? La réponse ne peut venir d’une seule entité. Elle doit être le fruit d’une réflexion collective, où la ville, les associations et les habitants travaillent ensemble pour définir un projet viable et fidèle aux valeurs de l’éducation populaire. »