Coûts de fonctionnement élevés et optimisation des Services
Examinons la situation en 2022, avant la hausse des taxes foncières de 33%. Les coûts de fonctionnement par habitant sont alors supérieurs de 22% par rapport aux villes de même taille et cela correspond à un surplus de couts de 47 M€ dans un budget total de 263 M€. Les investissements de 2022, avec 78 M€ étaient du même ordre que les villes de la même strate.
Seul, un audit détaillé nous permettrait de comprendre les raisons de ces coûts de fonctionnement élevés. Nous pouvons néanmoins évoquer quelques pistes .
- D’abord, un point positif : Grenoble est une ville qui a toujours accordé une grande importance aux questions sociales, et son CCAS est l’un des mieux financés de France.
- On peut néanmoins questionner la gestion de nos services municipaux. Sont-ils gérés avec efficacité et sans redondance (avec la Metro par exemple) ?
- La municipalisation des services, au lieu de faire appel à des organisations extérieures spécialisées, est-elle une gestion optimale ou source de surcoûts ?
- On peut aussi s’interroger sur la politique de coopération avec l’État, la Région, le Département et la Métropole. La ville de Grenoble met-elle en œuvre les actions nécessaires pour optimiser ses services en collaboration avec les autres collectivités et utilise-t-elle efficacement les aides des organismes extérieurs ?
La dette de Grenoble : héritage et enjeux
La dette totale de 290 M€ s’est accumulée au fil des ans, avec un premier montant de 100 M€ lors des Jeux Olympiques de 1968, puis une augmentation de 140 M€ sous le mandat d’Alain Carignon. Elle est restée stable jusqu’en 2020, à la fin du premier mandat d’Éric Piolle, avant de repartir à la hausse au début de son second mandat. Cette dette équivaut aujourd’hui à un peu plus d’une année de coûts de fonctionnement.
(attention, la stabilité apparente d’une dette peut être trompeuse, car elle peut être le résultat de cession de patrimoine municipal)
La ville souffre d’un endettement important par rapport aux villes de la même importance. Cela représente un surcroit de 50% par habitant, soit 88M€ par rapport à la moyenne des autres villes.
Mais aujourd’hui, Grenoble ne dispose plus d’un patrimoine immobilier ou industriel à céder et n’a pas de moyen d’action pour apurer sa dette, ce que Grenoble a pu faire dans le passé.
2023 et la hausse de 33% de la taxe foncière.
Comment a-t-elle été utilisée ?
Le maire et sa majorité ont voté un budget 2023 présentant une hausse de la taxe foncière de 33%, comprenant la revalorisation des bases pour 7%.
Cette augmentation brutale et sans concertation a été particulièrement difficile pour les habitants, car elle s’applique à une taxe foncière déjà très élevée par rapport à celle des villes de taille comparable.
Aujourd’hui Grenoble est la ville avec la taxe foncière la plus élevée dans les villes de taille comparable. Cette hausse est particulièrement difficile pour les propriétaires aux revenus modestes, retraités ou actifs et elle aura à terme un impact sur le marché locatif et le commerce.
Cette augmentation de la taxe foncière a permis de couvrir une hausse significative des coûts de fonctionnement, s’élevant à 27 M€, en grande partie due à l’inflation et à l’augmentation des salaires et du coût de l’énergie. Cependant, aucune démarche d’optimisation de ces dépenses n’a été entreprise. La poursuite de la politique de municipalisation des services ne semble pas la plus appropriée en terme d’efficacité budgétaire.
Cette hausse a permis aussi de prévoir une hausse des investissements en 2023 pour les transitions et le fameux « bouclier climatique et social », initiatives sur lesquelles nous manquons de visibilité et qui semblent être utilisées comme levier politique, détournant l’attention les autres enjeux budgetaires.
En pratique, ces prévisions de hausse de budget ne se sont pas concrétisées dans la réalisation des investissements en 2023, faute d’un plan coordonné et efficace. Les investissements réalisés ont été largement inférieurs aux prévisions…. attendons de voir si ils se concrétisent en 2024. Ce décalage des investissements a pour l’instant permis d’engranger un peu d’épargne et de réduire un peu la dette…
Dans un prochain article, nous aborderons 2025 et le futur des finances de Grenoble.